Les histoires d'une vie

Ludivine, Nina, Simon... Découvrez leurs parcours

Dans "les histoires d'une vie", je m'inspire d'évènements que j'ai rencontré lors de séances individuelles ou en groupe ou lors de leçons de conduite.


Ce mois-ci, je vous fais découvrir l'expérience vécue par Simon.

Il était une fois Simon qui conduisait en scooter depuis des années. Son patron le talonnait pour qu'il passe son permis de conduire, en vue, de pouvoir conduire la camionnette du travail. Alors Simon s'inscrivit dans une école de conduite. Cela faisait à présent un an, qu'il était en cours de code, mais n'avait pas le niveau pour passer l'examen théorique. Alors la secrétaire de l'auto-école lui proposa de commencer ses heures de conduite pour le motiver. Simon programma la première heure. Il fut absent! Alors l'enseignante Sandra le contacta mais il ne répondit pas à son appel. Le temps fila, les mois passèrent sans nouvelle de Simon. Et un jour, son patron vint à l'école de conduite, comprendre pourquoi le jeune homme n'avait toujours pas obtenu le fameux sésame....

Simon revint en salle de code, la secrétaire sentait que le jeune homme avait un problème. Elle lui proposa de rencontrer Sandra. Celle-ci apparut quelques minutes plus tard au sein de l'auto-école.

Le jeune homme était souriant, lui présenta ses excuses pour le rendez-vous manqué. L'enseignante programma aussitôt sa première heure, sous les yeux de sa collègue. Le gamin avait prétexté à son patron que Sandra n'était jamais venue au rendez-vous et qu'ensuite, il n'avait pas osé en reprendre un. Vendredi, elle en saurait plus sur son agissement!

Simon retourna en salle de code poursuivre ses entraînements. Son patron avait découvert les mensonges de son employé et cela ne lui avait pas plu du tout.Il était sous la menace d'être renvoyé s'il n'obtenait pas rapidement son permis.

Vendredi, Simon attendait l'enseignante devant l'enceinte de l'école de conduite. Quand elle arriva à sa hauteur, il était tout crispé, ne sourit pas. Il était tendu!

-Bonjour Simon, essayez de vous détendre, je vous emmène sur un parking, nous apprendrons les bases à cet endroit.

-Je ne conduis pas tout de suite?

-Vous serez au volant, mais j'utiliserai mes pédales, la boîte de vitesses et si besoin, je récupérerai le volant. Vous apprendrez à votre rythme, soyez le plus détendu possible.

Ils marchèrent jusqu'au véhicule garé sur la place de l'église à l'arrière du bâtiment.

-Je vous ai vu arrivé en scooter, vous aimez le conduire?

-Oui, cela fait des années que je roule en deux roues.

-Faites-vous un sport?

-Je suis au club de foot de la ville.

-Pourquoi avez-vous des difficultés pour passer votre code?

Le jeune se renferma aussitôt!

Sandra comprit qu'il n'était pas là de plein gré.

-Qui vous oblige à passer le permis?

-Ma tante et mon patron. Mes parents sont décédés quand j'étais gosse.

-Je suis désolée de l'apprendre! Simon, pourrions-nous nous tutoyer?

-Oui, je préfère!

-Voici la clé, tu peux ouvrir la voiture, mettre tes affaires dans le coffre, si tu as besoin de lunettes de soleil, tu peux les mettre, ensuite installe-toi au poste de conduite. L'enseignante rangea son sac, s'installa, prit la fiche de suivi et nota le jour, l'heure et précisa l'état de stress du jeune homme.

Simon attacha d'une étrange façon sa ceinture de sécurité.

-Penses-tu que ta ceinture est dans le bon sens?

Il observa la sangle, elle était entortillée, et il avait passé la ceinture au dessous de ses bras. Il rougit, il s'excusa, se sentit penaud.

-Tu sais au travail, je ne fais pas ce genre de choses, je ne comprends pas ce qui m'arrive!

-Serais-tu prêt à me parler un peu plus de toi?

-Je ne vois pas ce que cela va changer!

-Je suis enseignante mais également thérapeute. J'ai déjà accompagné des personnes qui souffrent de différentes peurs, stress liés au véhicule. Si tu arrives à me faire confiance, à me raconter ta vie, je pourrai t'accompagner pour trouver la clé qui te permettra de surmonter ton angoisse.

-Alors, je ne suis pas le seul à vivre cela?

-Effectivement, d'autres personnes qui ont des situations professionnelle, familiale et sociale stables se retrouvent dans des difficultés pour conduire. Cela ne fait pas d'eux des Êtres stupides!

Simon écarquilla les yeux, une révélation se lisait sur son visage.

-Alors, tu ne me considères pas bête?

-Loin de moi, l'envie de te juger, car je vais te raconter ma petite histoire: J'ai passé trois fois mon code et la conduite et sais-tu pourquoi?

-Non?

-Le stress! Je perdais mes capacités et pourtant mon enseignant me disait: Sandra tu auras du premier coup ton permis de conduire.

-Non?

-Et oui! Il me valorisait, m'estimait beaucoup au point où il sentait en moi, la fibre pédagogique. C'est à dire, il m'a dit: Sandra un jour tu deviendras monitrice!

Penses-tu que je ne le croyais pas et quand j'ai raté la deuxième fois mon permis, je désespérais. Ma mère me faisait prendre de l'homéopathie, personne ne comprenait dans la famille. Je me sentais idiote, nulle...

-Et pour le code, pourquoi tu n'es pas arrivée?

-Le trou noir! La première fois, j'ai fait 6 fautes alors qu'il n'en fallait que 5. La deuxième fois, encouragée et soutenue, je me disais je l'aurais! Et d'un coup à la deuxième diapositive, j'ai eu un trou sur la réponse à donner. J'ai paniqué! J'ai eu 6 fautes. Et la troisième fut la bonne, 3 fautes.

Je peux te dire Simon, que je comprends ce que tu traverses! Vraiment!

Le jeune homme se rendit compte que finalement son enseignante était son égale. Il fut revigoré....


Après la révélation de Sandra, Simon alluma le contact, lança le moteur comme lui demandait Sandra.

-Tu laisses le volant droit!

-Oui.

La respiration de Simon s'accéléra quand le véhicule recula pour sortir de la place de stationnement.

L'enseignante observa aux alentours tout en manœuvrant.

-Tourne le volant au fur et à mesure que j'avance.

Le jeune homme s'exécuta, il regarda son volant et ne vit donc pas où il fallait diriger le véhicule.

-Regarde devant toi où tu veux placer la voiture. Ordonna en douceur Sandra.

-Euh, oui, je regardais mes mains.

-Fais comme en scooter!

Simon fit de son mieux, mais ses mains étaient tellement crispées qu'il n'arrivait pas à diriger la voiture.

-Mets tes mains sur les genoux, je vais reprendre le volant. Respire!

Il y avait un kilomètre pour arriver sur le parking du stade de football de la ville. Le jeune homme suffoquait.

Sandra entreprit de lui faire changer les idées, en lui suggérant de parler de ses loisirs, de son travail.

Une fois sur le parking, elle proposa à Simon de sortir du véhicule pour qu'il respire.

-Prends un grand bol d'air par le nez et expire-le par la bouche. Fais cet exercice plusieurs fois à ton rythme.

Après 5 bonne minutes:

-Comment te sens-tu?

-Mieux!

-Nous allons commencer par apprendre à tenir et tourner le volant. Es-tu d'accord?

-Oui, encore juste une petite minute.

-A quoi penses-tu?

-A ce que j'ai l'air!

-Lâche cette pensée négative, pense que tu débutes et que tu fais de ton mieux.

Le gamin sourit, crispé, tendu. Il s’essaya plusieurs fois les mains sur son pantalon.

Une fois apaisé, Sandra prit la place du conducteur et son élève s'installa entant que passager.

Elle lui fit des croquis, lui montra plusieurs fois où regarder, comment se détendre pour pouvoir chevaucher les mains aisément. Lui expliqua l'importance du regard, la nécessité d'avoir une bonne vue. Elle fit des slaloms entre plusieurs plots qu'elle avait positionnés au préalable. L'agilité, la détente lui permettaient de les accomplir avec douceur, souplesse. Le véhicule était à allure lente, pour que l'enseignante est le temps de montrer où positionner le regard, comment poser les mains.

Simon était hypnotisé et remotivé!

Ce fut son tour. Il se réinstalla au poste de conduite.

Sandra gardait les pédales, il avait juste le volant à manipuler.

Peu à peu de l'exercice, Simon se détendit, sourit même voyant sa réussite.

Il recommença plusieurs fois, le chevauchement des mains pour garder une certaine souplesse dans les gestes.

L'heure allait bientôt finir. Après l'arrêt du véhicule, l'enseignante fit le point.

-Que penses-tu de ton heure de conduite?

-Au départ, j'avais très peur, puis peu à peu, je me suis détendu. Je suis content d'être arrivé à tourner le volant.

-Et?

-Que j'ai pu nous ramener à l'école de conduite?

-Et?

-Que je suis arrivé à observer la route! Par contre, j'ai pas regardé les autres usagers.

-Chaque chose en son temps. En tout cas, bravo pour ta réussite et ton courage.

Garde en mémoire: que avant d'arriver au sommet de la montagne, il faut faire le premier pas. Et quand celui-ci est fait, il faut continuer un pas après l'autre.

La prochaine fois, nous reverrons le volant et nous verrons le démarrage et l'arrêt.

-Je suis content. Merci Sandra.


Simon suivait les heures de conduite programmées assidument. Il en était à 5heures d'apprentissage. Toutefois, Sandra sentait toujours le stress en lui. Quand elle abordait le sujet, il s'en offusquait. Puis, en pleine campagne, alors qu'ils étaient sur une ligne droite, pour s'entraîner à monter et rétrograder les vitesses, le jeune homme se crispa complètement sur le volant, son regard était fixe, il n'entendait plus son enseignante. Il avait une absence!

Un camion arrivait en sens inverse et la voiture mordait peu à peu la ligne. Sandra demanda à Simon de se replacer, aucune réaction. Il fallait agir vite! Elle freina puis

elle toucha la main gauche du jeune homme pour "le réveiller", elle était prête à rattraper le volant à tout moment, et Simon en reprenant conscience donna un coup de volant. Le camion faisait des appels lumineux. La voiture avait dévié sur sa voie. Simon était tétanisé, il n'entendait rien, ne réagissait pas! Alors de toutes ses forces, Sandra récupéra le volant tout en ordonnant au jeune homme de lâcher le volant et les pédales. Heureusement, le ton utilisé permis à l'enseignante de récupérer à temps les commandes. Non loin, il y avait un parking, elle les conduisit.

Malgré le froid, ils sortirent de la voiture. Une fois, dehors, Sandra prit plusieurs respirations profondes, puis apaisée, elle guida Simon vers le calme intérieur. Il tremblait et ce n'était pas de froid.

-Je suis désolé, je ne sais pas ce qui s'est passé!

-Quand es-tu disponible pour une séance en art-thérapie? Elle ne lui laissa plus la possibilité d'esquiver le sujet.

Après cet évènement, Simon comprit qu'il n'avait plus le choix, qu'il devait savoir d'où venait son angoisse. Car finalement, il se mentait à lui-même!


Quand le jeune homme sonna à la porte de la thérapeute, il se demanda ce qui l'attendait.

Sandra fut souriante et chaleureuse dès l'ouverture de son cabinet.

Elle lui conseilla de se mettre à l'aise, lui montra l'espace de travail. Une table, 2 fauteuils et du matériel de dessins étaient les seuls éléments de la pièce. Il s'assied.

-Prends une feuille et dessine toi.

-Comment te trouves-tu?

-Petit!

-Sur une autre feuille dessine une route.

-Comment la trouves-tu?

-Très droite!

Le dessin suivant était de se dessiner dans la voiture. Simon s'était dessiné très petit par rapport à la voiture.

-Quel âge as-tu dans cette voiture?

-J'ai 12 ans!

-Que s'est-il passé à 12 ans?

Il me regarda, cherchant de l'aide:

-Tout ce que tu dis ici, reste entre toi et moi!

-J'ai pris les clés de la voiture du père de mon copain d'enfance et j'ai conduit sur le parking, sauf, que je n'ai pas pu m'arrêter, alors j'ai foncé dans un grand mur. Mon copain et moi, n'avons rien eu, mais j'ai eu la peur de ma vie!

-En as-tu parlé à quelqu'un d'autre?

-Non, jamais! La gendarmerie, en a déduit que des jeunes avaient volé la voiture.

-Et pour les clés?

-Le père de mon ami buvait beaucoup, alors les clés, il ne pouvait pas jurer qu'il ne les avait pas laissées sur le véhicule. Il raconta tout le reste de l'histoire.

La séance était finie, un autre rendez-vous était organisé.


Simon se réinstalla confortablement devant la table et s'apprêtait à dessiner à nouveau.

Mais Sandra lui proposa un autre exercice. Elle l'emmena par une visualisation guidée vers le moment où il percute le mur. Le jeune homme hurla, il pleura. Tout son corps revivait l'expérience.

La thérapeute le fit sortir de la voiture, il constata les dégâts. Son copain et lui allaient bien mais le véhicule était en piteux état. Personne alentour, alors, ils coururent vers la cage d'escaliers de leur immeuble. Ils se cachèrent quelques heures de peur d'avoir été démasqués.

Elle le fit rentrer chez lui, s'étendre sur son lit. Elle lui répéta la promesse qu'il s'était fait, ce jour-là! "De ne plus jamais conduire une voiture, c'était trop dangereux".


La thérapeute et Simon travaillèrent sur cette promesse. Le jeune homme mit en lumière qu'il avait été jeune et ignorant des risques. Avant de vivre cette expérience malheureuse, il ne se rendait pas compte de ce qu'était une voiture! Puis en grandissant, il en avait pris conscience et pouvait agir autrement.

Sauf que Simon avait choisi la fuite face à l'apprentissage de la conduite , plutôt que de se responsabiliser pour conduire en sécurité. Il pensait que sa solution était la seule possible.

Après quelques séances, l'apprenant prenant conscience de ses compétences, de ses forces, pût reprendre des heures de conduite. Son corps devait intégré que la voiture pouvait être synonyme de plaisirs et non d'angoisse. C'est après quarante heures de conduite que Simon eut son permis de conduire souriant et satisfait de sa réussite, aussi bien sur les plans: physique- émotionnel-mental, personnel et professionnel.

Simon

Histoire de Ludivine

Il était une fois, Chloé la clownette, qui adorait conduire et ce depuis toujours! Elle était amie avec Ludivine. Toutes deux s'étaient rencontrées à l'âge de 17 ans, lors d'une sortie de ski. Elles étaient très proches l'une de l'autre. Sauf que Ludivine avait gardé un secret, qui aujourd'hui la mènerait au désarroi.

Les deux femmes s'étaient organisées des vacances à travers le Périgord Noir, et elles utiliseraient la voiture, comme moyen de locomotion. Ce qui selon Chloé était le plus simple...


Comme Chloé adorait conduire, elle proposa d'entreprendre les premiers kilomètres. Ludivine en eut une grande joie. Après deux heures de route, une pause s'impose. Alors la jeune femme demanda à sa copine de prendre le relais.

Elle n'avait plus que trois heures de route à faire. Soudain, Chloé vit Ludivine devenir blanche comme neige! Une douleur apparut à son pied droit. Il semblait qu'elle n'arrivait plus à le poser.Cela la surprit, car ce fut très soudain.

Elle fit parler son amie, la questionna sur cette douleur. Depuis quand la supportait-elle?

Ludivine s'excusa de ne pas l'avoir mise au courant! Qu'elle ne voulait surtout pas gâcher leurs vacances! Elle éclata en sanglot, se mura dans le silence, trembla.

Chloé la rassura, la chouchouta, la berça et la réconforta. Lui conseilla de voir un médecin dès leurs arrivées à Sarlat, en attendant, elle reprit le volant. Chloé chercha à détendre sa copine, en chantant de veilles chansons qu'elles écoutaient gamines.


Ludivine alla seule consulter le médecin, qui ne trouva aucune problématique à son pied. Elle n'en fut pas surprise. C'était ainsi depuis ses 16 ans! Lorsqu'il a fallut apprendre à conduire,

Ludivine souffrait toujours du même pied, surtout dès qu'il fallait prendre la voiture. Ses parents avaient consulté des médecins et rien n'avait été décelé, alors ils l'avaient obligée et avec beaucoup d'énervements,de stress, elle avait quand même réussi à passer l'épreuve du permis de conduire. Après moult tentative, elle y parvint!

Mais depuis ses 17 ans et demi, elle ne conduisait plus et n'en avait jamais parlé. Travaillant dans une grande ville, elle n'avait aucunement besoin de l'automobile. De plus, Chloé lui proposait, toujours, de la conduire à droite et à gauche...


Après son retour de chez le médecin, Chloé délesta sa copine de son fardeau, en lui proposant de les conduire au gré du vent. Toutes deux purent profiter pleinement de leurs vacances et le secret de Ludivine fut bien gardé!


Quelques semaines plus tard:


Ludivine prépara l'anniversaire de son amie Chloé qui aura 30 ans! De connivence avec la mère de l'heureuse trentenaire, Thérésa, elles découpaient des rubans pour la décoration de la salle.

La famille au grand complet, ainsi que tous les amis de la jeune femme seraient présents. Ludivine s'était occupée des copains et la mère de la famille. Toutes les invitations avaient obtenus un "oui" pour la fête.

Alors que Thérésa accrocha les ballons et rubans, elle glissa de l'escabeau et tomba en arrière sur les fesses. Elle hurla de douleurs.

Dans la cuisine de la salle des fêtes, Ludivine entendit le cri, elle se précipita et vit la femme au sol, se levant difficilement et se tenant le bassin.

La jeune fille voulut appeler les pompiers, mais la mère insista pour qu'elle l'emmène à l'hôpital elle-même. Ne dérangeons pas les sauveteurs pour rien! Dit-elle agacée.

Ludivine, sentit la douleur au pied, elle commença à trembler, à avoir de grosses gouttes de sueur.

Elle aida Thérésa à se diriger vers la voiture de la dame. Elle lui tendit ses clés, s'installa côté passager avec l'aide de Ludivine. Allez-va, ma fille! Je ne voudrai pas prendre du retard sur les préparatifs.

La jeune femme ouvrit la portière, s'installa et démarra. La mère la guida dans ses gestes, comme si elle craignit pour sa voiture. Mais cela aida malgré tout Ludivine, à rester concentrée sur ce qu'elle devait faire. Sortir du parking fut simple, mais dès qu'elle arriva sur la route principale, sa jambe trembla. Thérésa ne prêta aucunement attention aux tremblements de la copine de sa fille. Elle avait tellement mal, qu'elle hurla après elle.

Ludivine souffrit d'autant plus, heureusement l'hôpital était à quelques petits kilomètres. La jeune femme manipula la boîte de vitesses et l'embrayage avec crispation. La machine craquait à chaque mouvement. La voiture ne dépassait pas les 30 kilomètres/ heure. Un conducteur lui klaxonna, ce qui les firent sursauter. Parfois des embardées secouèrent Thérésa, celle-ci fulmina!

Enfin devant l'entrée des urgences...


Après deux semaines écoulées et la fête réussie en l'honneur de Chloé, Ludivine rendit visite à sa meilleure copine.

-Je nous ai fait quelques Madeleines! Dit Ludivine en présentant le paquet à son amie, qui venait d'ouvrir la porte avec son sourire habituel.

-Rentre, je suis contente de te voir.

-Je pensais passer plus tôt mais ces deux semaines se sont déroulées à une vitesse folle.Dit la jeune femme ôtant ses chaussures pour être plus à l'aise.

-J'ai plein de choses à te raconter, tu veux un thé ou un café? Et comment va ton pied, je ne t'ai pas redemandée!

-Bien mieux!

-C'est une bonne nouvelle. Chloé avait eu vent des soucis qu'avait rencontré sa mère lors de la préparation de la fête surprise et voulait en discuter avec Ludivine.

Toutes deux dans le salon, elles discutèrent de tout et de rien, puis Chloé proposa à sa copine d'aller au parc, il faisait tellement beau.

Ludivine accepta de bonne grâce enfermée entre 4 murs, elle n'en pouvait plus.

Au bas de l'immeuble, Chloé tendit les clés de voiture à sa copine.

-Tu conduis! Ordonna celle-ci.

Ludivine resta pantoise.

-Alors tu l'ouvres la voiture, ma chérie. Il ne faudrait pas qu'il pleuve...

-Oui, oui!

Toutes deux attachèrent leurs ceintures, mais La conductrice ne parvint pas à tourner la clé de contact. Ses mains étaient crispées sur le volant. De l'eau en dégoulinait.

-Sais-tu comment ça s'appelle? Interrogea Chloé avec douceur.

-De quoi parles-tu? Dit son amie reprenant un peu de l'esprit.

-De ta maladie! Tu es amaxophobe!

-Quoi?

-Ma mère m'a expliquée ce qui s'était passé lors de vos préparatifs. Au départ, je n'ai pas vu le rapprochement avec nos vacances, tes douleurs au pied. Puis, j'ai discuté avec ta mère et ensuite, j'ai fait des recherches. Depuis le passage au permis de conduire, tu vis dans un déni. Pourquoi ne m'en as-tu jamais parlé?

Ludivine éclata en sanglot. Elle sortit de la voiture pour reprendre son souffle car il était devenu court. Elle se sentait soudain claustrophobe.

Chloé la prit dans ses bras et la rassura.

-Je ne te veux aucun mal, tu sais cela! Mais tu ne peux plus continuer ainsi.

J'ai les coordonnées d'une thérapeute Sandra, elle est spécialisée dans les peurs liées à la voiture.

-Je suis allée voir un psychiatre et cela n'a rien donné...

-Sandra était une enseignante de la conduite, elle connait son affaire. J'ai regardé son site internet et des commentaires encourageants de personnes qu'elle a suivies.

Prends ce papier, il y a ses coordonnées et promets-moi de la contacter.

Ludivine rangea le post-it dans sa poche. Et fit la promesse.

La fin d'après-midi sonnait, la jeune femme rentra chez elle.

Elle s'installa sur son canapé et réfléchit à la conversation.

Ludivine mit la main dans sa poche et lut:

Sandra Art-thérapeute/ Sophrologue

www.l-elan-de-l-etre.fr

lelandeletre@laposte.net


Elle écrivit un mail et expliqua son histoire.... Demain, elle prendra rendez-vous!


A sa quatrième séances:


Ludivine était assise à la table de travail, Sandra était assise à ses côtés.

C'était la quatrième fois, que la jeune femme se rendait chez la thérapeute. Aujourd'hui, Ludivine parla de son expérience d'apprentissage, des larmes glissèrent le long de ses joues. Son enseignant était agressif et ne lui apportait aucun réconfort face aux comportements des autres. Quand la jeune fille de 16 ans faisait des erreurs, aucune explication, aucune solution n'était proposée, ce qui fait que la gamine ne savait comment agir.

Plus les heures passaient et plus son stress augmentait. Et puis, n'y pouvant plus Ludivine s'insurgea...

-Respirez, laissez venir l'émotion. Dit la thérapeute.

Ludivine hurla sa colère, cria dans l'atelier mais ce n'était pas un problème car le lieu était propice à toutes les expressions.

La jeune femme prit une feuille disposée devant elle, et griffonna sa colère, sa rancœur envers cet enseignant. Puis des tremblements dans tout le corps, une douleur vive au pied droit. Elle hurla encore et encore puis les larmes coulèrent de plus belle.

Une fois apaisée, L'art-thérapeute proposa d'écrire une lettre à cet homme ou de dire à voix haute ce qu'elle avait sur le cœur envers cet homme.

Ludivine coucha les mots, ses maux, ses peurs, ses rancœurs envers cet enseignant. Elle lut à haute voix, sa missive. Un soulagement apparut sur son visage et exprima sa délivrance à Sandra.

-Nous allons nous arrêter là pour aujourd'hui. Pour la prochaine fois, je vous demanderai toutes les expériences négatives que vous avez vécus en voiture, que ce soit en tant que passagère, conductrice, apprenante! Vous pouvez questionner vos proches également...



Deux semaines plus tard:


Ludivine, en présence de sa thérapeute, détailla la liste établie avec l'aide de sa mère et de Chloé. Une expérience avait attiré l'attention de Sandra.

-Pouvez-vous m'en dire un peu plus sur le mot grossesse?

-Je l'ai noté, mais ce n'est pas très important selon moi. Ma mère était enceinte de moi. J'avais 7 mois. Mon père conduisait en direction de Carcassonne. Ils partaient pour 15 jours de vacances. C'était la joie dans la voiture. Ils étaient arrêtés à un feu rouge. Il y avait un homme qui lavait les vitres. Ma mère m'a expliquée, que mon père, ne voulait pas que le laveur intervienne, alors, il le signifia pas un signe de la main. Mais l'homme l'a mal interprété et a frappé la voiture, donné des coups partout sur la carrosserie. Ma mère m'a dit, elle a eu si peur, elle se sentait en insécurité. 

-Et qu'a fait l'homme?

-Mon père est sorti de la voiture et il a reçu un coup de poing. Ma mère l'a secourue et finalement, ils ont appelé le Samu, car mon père était sonné.

Ludivine demanda si cette histoire avait une quelconque importance, vu qu'elle était dans le ventre de sa mère.

Nous allons poursuivre votre liste et voir si d'autres éléments peuvent être pistés...


Après avoir fait toute la liste, la seule piste que Sandra donnait de l’intérêt était la grossesse, car Ludivine avait une réaction particulière au niveau de son corps.

-Etes-vous d'accord pour faire une régression?

-Qu'est-ce?

-C'est de revivre un moment de sa vie, à un âge précis. Nous partirions sur vos 7 mois dans le ventre de votre mère. 

-Et vous pensez que cet épisode, peut avoir une incidence sur ma frayeur en voiture?

-Bien plus que vous semblez le croire. Dit la thérapeute avec douceur.

-Ok, je suis partante alors. 

-Parfait! Je vais vous demander de vous allonger. 

Ludivine s'installa sur le sofa. Elle se mit le plus à l'aise possible et suivit la voix de la thérapeute. 

-Respirez profondément 3 fois. Inspirez par le nez et expirez par la bouche, lentement à votre rythme. 

Sandra la guida jusqu'à 7 mois:

-Vous êtes dans le ventre de votre mère, vous entendez des bruits, des énervements. Que se passe-til dans votre corps? 

-Je tremble, je suis inquiète. Le battement du cœur de maman s'est accéléré. 

Le souffle de Ludivine se faisait court. 

-Vous êtes en sécurité, vous êtes toujours présente et installée confortablement sur le sofa. 

Le souffle revint à la normal.

-Je sens un poids sur moi, c'est lourd. J'ai mon pied droit, il est coincé dans le cordon ombilical. Sortez un instant du ventre de votre mère, voyez la scène à l'extérieur. Que se passe t'il?

-Ma mère est accroupie auprès de mon père qui est assis au sol. Il semble sonné.



Sandra guida Ludivine et celle-ci revint dans le" ici et maintenant".

La jeune femme sourit, elle comprit enfin d'où venait sa douleur au pied droit.

-Mes parents ont été agressés, pensez-vous que c'est pour cela que j'ai peur d'être en voiture?

-Que ressentez-vous dans votre corps, quand vous repensez à cette scène?

Ludivine prit le temps de se concentrer sur chaque membre de son corps, comme le lui avait déjà expliqué la thérapeute.

Elle trembla, son pied la faisait souffrir, son cœur s'emballa.

-Je suis tétanisée! Affirma Ludivine.

-Même si vous étiez bébé, vous avez ressenti la détresse de votre mère. Vous l'avez engrammée dans chaque cellule de votre corps...

-Donc inconsciemment, dès que j'étais en voiture, je revivais cette détresse?

-Oui!

-Est-ce fini?

-Qu'en pensez-vous?

-Qu'il y a encore un petit quelque chose!

-Et avez-vous une idée?

Ludivine chercha mais ne sut que dire.

-Si vous vous retrouviez en voiture seule, selon vous, qu'est-ce qui pourrait se passer?

Spontanément Ludivine répondit:

-Mais quelle horreur, je ne veux pas vivre cela. Je préfère m'abstenir de conduire... La jeune femme fut ahurie par ses propos. Elle venait de mettre enfin le doigt sur son insécurité!


Après la compréhension de "sa peur", Ludivine suivit encore deux séances pour apaiser les tensions physiques et nettoyer énergétiquement ce qui ne lui appartenait pas.


A présent, elle conduit sereine et en sécurité.











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