Francis la cinquantaine souhaite reprendre le volant

Il était une fois, un homme d’une cinquantaine d’années qui s’appelait Francis. Il était dirigeant d’une grosse entreprise internationale. Il se déplaçait au quotidien en avion, TGV, même bateau. Sur terre son chauffeur l’emmenait, là où il le désirait. Quand celui-ci prenait ses congés, c’était compliqué pour Francis. Effectivement, suite à un grave accident de voiture, il ne touchait plus un volant. Un jour, Benoit son chauffeur lui proposa de lui choisir un thérapeute. L’homme d’affaires s’en offusqua mais à présent, peut-être était-il prêt à affronter son pire ennemi. C’est-à-dire lui-même.
Il avait rencontré par hasard sa thérapeute. Elle était dans un rayon de développement personnel d'une librairie. Elle croisa son regard et tous les deux se sourirent.  Ne croyant nullement au hasard, Sandra s’approcha de lui. Elle se présenta brièvement, thérapeute en amaxophobie. Bien entendu, il ne connaissait pas le terme et le lui exposa rapidement. Il sourit d’autant plus, quand il vit le titre du livre « Et si c’était elle… ! »
Francis lui proposa de discuter autour d’un café. La jeune femme accepta et il parla rapidement de sa peur. Il ne voulait surtout pas la déranger, surement était-elle en repos.
Elle planifia un rendez-vous avec son accord, pour la semaine suivante. Il la remercia et quitta la table. Sandra nota rapidement dans son carnet, les premières images qui lui venaient concernant Francis. Des pistes à creuser !
Le jour du rendez-vous, Francis arriva en avance. La thérapeute, lui fit visiter son atelier puis l’invita à s’installer devant une table où des feuilles, des feutres, crayons de couleurs, crayons divers étaient en évidence.
L’homme raconta son accident :
« J’avais 24 ans quand j’ai eu mon accident. J’étais sur l’autoroute et je suivais un camion transportant des tuyaux. Il pleuvait. Ma femme dormait, nous voyageons depuis plus de dix heures, nous revenions d’Espagne. Il nous restait quelques kilomètres avant Strasbourg.  Je cherchais à dépasser le camion, mais une longue file de voitures à gauche et aucun moyen de dégager. Alors je patientais. J’ai quitté la route des yeux, le temps de regarder ma femme. Puis, j’ai entendu un bruit métallique, et puis plus rien. Je me suis réveillé à l’hôpital….
Francis prit une pause…
Pendant un an, je suis resté à l’hôpital, ma femme est décédée dans la voiture…. Je n’en ai jamais parlé à mes proches, à mes amis. J’ai avancé du mieux que j’ai pu ! Je suis même parti en pèlerinage spirituel pendant six mois, pour trouver un sens à tout cela. Finalement mon maître m’a conseillé de rentrer. Pour lui tout avait un sens, et que derrière chaque malheur, il y avait une raison… Mais je vous avouerai Sandra, qu’après 26 ans, je n’ai rien perçu. Toutefois, j’ai surmonté mon chagrin, continué ma vie. »
-Quand vous dîtes que vous avez continué votre vie, qu’est-ce que cela veut dire exactement ?
-Pour comprendre, je suis allé voir un hypnothérapeute. J’ai fait des recherches auprès de la gendarmerie, car personne ne m’avait dit ce qui s’était passé exactement. Il me fallait des réponses pour avancer, enfin c’est ce que je croyais.
-Que vous a dit la gendarmerie ?
-Un pneu d’un véhicule qui me dépassait a éclaté, le conducteur a perdu le contrôle de son véhicule, il a percuté d’abord le camion, puis mon véhicule. Le camionneur voyant la scène a freiné et malheureusement, mon véhicule s’est encastré sous l’arrière du camion. Un des tuyaux a percé le pare-brise et tué ma femme. Moi, j’ai eu des graves lésions internes mais quelques fractures. J’étais dans le coma pendant quelques jours.
-Qu’a donné votre séance chez l’hypnothérapeute ?
-Que je n’étais pas responsable, que ma femme n’avait pas souffert, que j’étais entré ans une nouvelle phase de ma vie. Que fallait que je lâche toutes mes émotions. Que je vive ouvertement mon deuil ! Aujourd’hui, j’ai pu faire le deuil de ma femme. Je suis allé chez l’hypnothérapeute pendant des mois, cela m’a bien aidé pour me déculpabiliser, accepter, pleurer et réapprendre à vivre.
-Qu’attendez-vous de moi ?
-Que vous m’aidiez à remonter en voiture en tant que conducteur. Benoit est mon chauffeur et il m’emmène partout. Mais l’autre jour, il m’a suggéré de consulter un thérapeute. Et je vous ai trouvée.
-Comme je vous le disais, j’avancerai à votre rythme. Nous irons en voiture, je travaille en partenariat avec des écoles de conduite. Mais avant cela, j’aimerai que vous vous dessiniez !
-Oh Sandra je ne sais pas dessiner !
-C’est parfait, nous ne sommes pas dans un cours d’art. Faites comme vous voulez.
L’homme de cinquante ans s’exécuta, prit le temps pour représenter sa chevelure grisonnante, ses lunettes de vues, ses oreilles, ses mains, ses jambes….  
-Voila !
-Parfait ! Que pouvez-vous me dire de votre représentation ?
-Bien, ce n’est pas un Picasso. Sourit-il.
-Hormis cela !
-j’ai été plutôt caricaturale. Pas de grandes fioritures dans les vêtements. Ah, je crois qu’il me manque les pieds.
-Effectivement ! Qu’est-ce que cela veut dire pour vous ?
-Je ne suis pas ancré, comme dirait mon ancien maître.
-Les pieds représentent, le mouvement, la direction que je suis, la stabilité, la sécurité…
Francis trembla :
-Je ne sais pas ce que j’ai… Dit-il essayant de se détendre en respirant profondément.
-Laissez venir Francis, ne bloquez pas ! Votre corps nous parle. Que veut-il dire ?
-La stabilité et la sécurité m’ont fait frissonner. J’ai un nœud au ventre.
-Respirez doucement, mais profondément.  Vous êtes en sécurité ici et maintenant Francis.
Le calme revint dans le corps de l’homme. Il s’apaisa.
-Etes-vous d’accord pour que je vous pose quelques questions ?
-Oui, bien entendu.
-Avez-vous encore vos parents ?
-Ma mère est décédée, j’avais 22 ans. Mon père est en bonne santé et voyage beaucoup.
-De quoi est-elle décédée ?
-D’une leucémie.
Sandra eut un frisson, le mot adopté lui venait.
-Avait-elle été adoptée ?
-Oui ! Nous l’avons découvert quelques mois après son décès, même mon père n’était pas au courant. Ce fut une vraie surprise. Quand je m’étais mis en relation avec mes grands-parents pour en discuter, ils m’ont fermé la porte. Ce fut si glacial.
-Est-ce une piste que vous avez suivie avec l’hypnothérapeute ?
-Non, car j’étais orienté sur mon deuil, l’accident.
-Accepteriez-vous que nous la suivions ?
-Que ressentez-vous ?
-Répondez à ma question, s’il vous plait Francis !
-Ai-je le choix ?
-Oui, vous avez toujours le choix.
-Très bien ! J’ai un peu peur.
-De quoi ?
-Que nous trouvions des fantômes !
-Qu’est-ce qui vous fait penser cela ?
-Parce que j’ai eu un contact quand j’étais dans le coma avec ma mère.
-Croyez-vous en la vie après la mort ?
-Oui ! Je n’en parle pas de peur de paraître fou.
-Qu’avez-vous eu comme type de contact ?
-Ma mère ! Elle m’a dit qu’elle m’aimait quoique je trouve sur elle. A l’époque je prenais cela pour une invention de mon mental. Puis quand je suis allé faire ma retraite spirituelle, beaucoup d’intervenants parlaient de la vie après la mort, de leurs proches qu’ils avaient eu la chance de revoir.
-Vos pieds sont également le contact avec la TERRE-MERE. Est-ce que vous avez eu l’impression de perdre votre identité, lors de la découverte de l’adoption de votre mère ?
-Exactement ! C’est comme si, toute mon histoire était faussée.
-Pourriez-vous me dessiner votre pièce d’identité ?
Francis s’exécuta. Il fit automatiquement un commentaire :
-Je constate que je n’ai pas mis mon nom de famille. Puis que ma date de naissance, oh il y a une erreur. Le dessinateur était éberlué. Il avait noté le 12 octobre 1914.
-Qu’est-ce que cela signifie selon vous ?
-Que je ne me reconnais pas dans mon histoire de famille.
-Pourquoi dites-vous cela ?
-Ma femme était enceinte et on venait de lui diagnostiquer une maladie rare. C’était héréditaire aucun membre de ma famille ne l’avait et ni chez ma femme. Alors, j’ai commencé à douter également de ma propre naissance. Je me suis fâché avec ma mère, mon père était à l’étranger pour son travail. Je n’ai jamais pu lui poser des questions…. Bref, c’est suite à cette dispute, que j’ai commencé à faire de plus en plus de recherches et une piste éventuelle sur une femme en Espagne. Nous sommes partis là-bas pour cela.
Sandra eut un frisson. Tout s’expliquait. Il cherchait qui il était, mais l’accident lui rappelait qu’il faisait fausse route.  Mais à quel niveau ? La mère ou le père ou même sa femme, qui aurait pu lui mentir ?
-Pouvez-vous vous dessiner dans une voiture ?
Francis prit du temps pour matérialiser le véhicule, il n’était plus aussi détendu. Son corps commença à avoir des soubresauts.
-J’ai peur Sandra.
-De quoi exactement ?
-Je me sens déséquilibré…Mon côté gauche me semble lourd… J’ai l’impression d’être tiraillé, comme si on me tirait vers la droite puis vers la gauche… Je me sens perdu…
-Vulnérable ?
-Oui !
-Pensez-vous que vos parents étaient des références fiables ?
-Oui, j’en étais convaincu ! Malheureusement les NON dits m’ont fait douter de mes certitudes les concernant.  Suite à cela, je me sens perdu, sans béquille, instable… Oh Sandra, je me sens en insécurité ! Savez-vous dans quoi, j’ai fait mon business ?
-Oui, vous me l’avez dit au premier contact.
-Dans les airbags. C’était inconscient, mais je comprends le sens caché. Je crois que si ma femme avait eu un airbag, elle aurait été sauvée. Peut-être que j’aurai découvert que c’était elle qui me mentait et pas ma mère ou mon père.
-Vous n’avez-toujours pas eu de réponse à cette question ?
-Non ! Je n’ose pas demander à mon père. Mes relations sont tendues avec lui et je sais qu’il fuit en voyageant énormément.
-Vous souvenez vous comment nous nous sommes rencontrés ?
-oui, par la synchronicité. Sourit-il.
-Avez-vous déjà posé la question à l’univers ?
-Non !
-Nous allons arrêter pour aujourd’hui. Mais la prochaine fois, nous nous attèlerons à cela.
-Et pour le dessin de la voiture ?
-Nous réessayerons à la prochaine séance.
Prochaine séance :
Francis était souriant, il avait éteint son portable car il était surchargé de travail. La programmation de la séance nous avait poussé à plusieurs semaines.
-Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
-Confiant !
-Avez-vous fait des rêves dernièrement ?
-Oui, de ma mère et de ma femme. Elles me demandaient toutes les deux, pardon. Quand je leur posais des questions, je voyais un enfant dans des habits d’un autre siècle. Je ne sais pas ce que cela veut dire.
-Nous allons commencer par un dessin. Puis par ce rêve. Cela vous convient-il ?
-Oui ! Je me dessine dans une voiture ?
-Exactement.
Francis était vraiment détendu, de temps en temps son corps tremblait mais il respirait doucement et poursuivait son œuvre. Il était ailleurs, sa main était devenue experte, il dessinait très précisément. Soudain, Sandra sentit une présence. Elle le laissa terminer.
-Voila ! C’est plutôt un camion que j’ai dessiné ou je dirai une traction année 1934. Dit-il souriant.
-Vous êtes bien précis !
-Oui, c’est ma voiture préférée.
-Depuis quand ? Quel âge aviez-vous ?
-Oh petit, je dirai 5 ans !  Je collectionnais les petites majorettes et ma mère m’offrait tout ce qui ressemblait à une traction.
-Que pourriez-vous dire sur ce dessin ?
-Il y a deux passagers. Et il y a même un bébé. Comment j’ai pu dessiner cela !
-Pourriez-vous dessiner une route ?
-Je dessine des voitures ?
-Je reste vague, libre court à votre imagination.
Sandra le laissait totalement libre pour lui permettre de s’exprimer. Francis prit une couleur chair, qui ne laissait que très peu de trace sur la feuille. Un jeune homme s’était installé à ses côtés. Il murmurait au creux de l’oreille du dessinateur. La thérapeute ne le vit pas mais le ressentit.
-Voila ! Francis ne dit mot. J’étais persuadé d’avoir dessiné.
-Prenez la feuille et mettez là à la lumière par transparence, vous verrez ce que vous avez dessiné.
Il obtempéra et soudain lâcha le dessin.
-Ce n’est pas possible. Incroyable ! Ce n’est pas moi, qui ait pu faire cela.
-Montrez-moi !
La thérapeute observa et comprit, toute l’ampleur de la tâche.
-Francis, je vais faire un dernier exercice avec vous. Etes-vous d’accord ?
-Oui !
-Vous allez écrire à votre mère comme si elle était auprès de vous, ou vous entendait. Vous pouvez lui poser des questions et laissez venir les réponses spontanément, sans réfléchir.
Francis entreprit la missive.
La présence se fit encore plus ressentir, Sandra nota quelques questions sur son bloc note. Elle obtint des réponses rapides.
Mort prématuré-tromperie-fille adoptée-non-amour-fuite de la fille pendant la guerre-prostitution. Mariage.
Francis venait de finir. Je ne sais pas si cela va être très claire, car j’ai des mots qui me sont venus.
-Arrière-grand-mère, grande guerre, elle avait été adoptée pour aider à la ferme puis elle s’est enfuie. Malheureusement, elle a dû se prostituer pour survivre. Et un jour, un client l’épousa. Voila ce que j’ai compris.
-Qu’en pensez-vous ?
-Que finalement ce n’est pas ma mère qui avait un lourd passé mais sa grand-mère !
-Vous m’avez dit que votre mère avait été adoptée, comment en avez-vous eu la certitude ?
-J’ai trouvé des papiers dans une male à son nom et prénom.
-Et se pourrait-il que sa grand-mère eût le même prénom et nom ?
Soudain, un frisson parcourut en simultané Sandra et Francis.
-Oui, c’est cela ! Je me suis trompé sur ma mère. Elle ne nous avait pas mentis ! Quel idiot. Je l’ai tellement harcelé avec cette histoire.
-Je vous propose de faire une recherche dans ce sens, voyez les concordances entre l’identité de votre mère et de votre arrière-grand-mère.
-Je ressens quelque chose, je ne sais pas ce que c’est !
-Dessinez ou écrivez !
Francis se mit à dessiner des ronds, puis encore des ronds mais avec d’autres couleurs. Le rythme s’accéléra, puis il jeta la feuille, les feutres au sol. Il était en sueur.  La thérapeute lui laissa le temps de revenir tout doucement à lui.
L’homme ramassa les fournitures et les rangea correctement sur la table. Il prit la feuille et l’observa attentivement.
-Je vois un visage d’un homme. ON dirait qu’il a une vingtaine d’années. Il y a des morts autour de lui. Un champ de bataille. Un gros cœur est présent, une femme. Je crois qu’il parle de mon arrière-grand-mère. Il était amoureux d’elle. Quand elle a appris sa mort, elle s’est enfuie. Il dit que c’est à cause de lui, si elle a été si malheureuse, qu’il ne se le pardonnera jamais.
-Peut-il vous en dire plus ?
Francis se laissa aller, il était transporté dans un autre temps…
-Je la vois, elle me sourit. La guerre n’est pas encore annoncée. Je lui fais la promesse de revenir pour l’épouser, fonder une famille. Je monte dans un camion avec plein de tuyaux pour forer, je fais ma place. Il y a déjà d’autres garçons de mon âge. Nous allons en direction d’un campement. ON nous donne nos tenues de combats, nos armes. Puis une réunion, pour nous expliquer le plan d’attaque. Nous allions forer dans les parois rocheuses de la montagne. Pour faire un conduit et arriver à la limite de l’Allemagne. Plusieurs équipes étaient éparpillées dans la grande forêt vosgienne. Les travaux s’effectuaient pendant les attaques pour ne pas attirer les regards. Nous avons donc foré pendant des jours. Puis il y a eu un éboulement, je suis mort sur le coup… Ma douce Andréa fut mon dernier souvenir… Dites-lui combien je l’aime.
Francis revint à lui complètement. Sandra avait tout noté.
-Qu’est-ce qui s’est passé ?
-Vous avez été investi par un jeune homme. Tapotez vous sur tout l’ensemble de votre corps, pour vous réajuster. Prenez trois grandes respirations profondes, respirez doucement. Nous allons sur la terrasse prendre l’air.
Francis se leva doucement, il était pris de vertiges. Sandra l’accompagna et lui conseilla de s’assoir sur un des transats.
-Qu’avez-vous découvert sur l’identité de votre arrière-grand-mère ?
-Même nom, trois prénoms identiques à ma mère. La date de naissance à trois jours de différence et l’année bien entendu.  Elle était une enfant adoptée, ses parents étaient morts dans un accident de calèche. Ce sont sa tante qui la prit en charge. J’ai trouvé une photo de mon arrière-grand-mère et voici celle de ma mère. Voyez comme elle se ressemble ! Mon père et moi avons pu discuter enfin. Je lui ai présenté mes excuses et ai montré mes trouvailles. Maman n’était pas adoptée. Dans ma précipitation, je n’avais pas vu les détails…
Francis pleura.
-Je m’en veux tellement de l’avoir tourmentée alors qu’elle allait si mal.
-Vous souvenez-vous de ce qu’elle vous a dit quand vous l’avez vu dans votre coma.
-Qu’elle m’aimera quoique je trouve la concernant. Enfaite, n’y avait rien à trouver. Mais alors, serait-ce ma femme qui m’a menti sur la maladie rare ? Francis eut soudain sa réponse par un frisson. Pourquoi ?
-Un accident de la route, signifie que nous faisons fausse route sur un élément important de notre vie. Familiale, amicale, professionnel, santé, spirituel. Vous souvenez vous de ce que vous a dit ce jeune homme ?
-Non !
-Il a parlé d’un camion avec des tuyaux de forage. Cela ne vous évoque rien ?
-Bien entendu ! Incroyable. Donc en résumé : Je me faisais une telle fixation sur le mensonge de ma mère, que je partais dans tous les sens pour trouver la vérité. Mais la seule personne qui la détenait vraiment était ma femme.
-Que saviez-vous d’elle ?
-Très peu de choses à vrai dire ! J’étais tombé amoureux d’elle, pour son physique, sa douceur. Nous avons vite emménagé ensemble. Je n’ai pas rencontré ses proches, elle voulait faire un mariage civil. Ses parents sont venus, charmants. J’ai appris à connaître une de ses sœurs. Ils sont sept. Quand elle attendait notre enfant, nous sommes allés dans leur maison familiale et puis, elle a eu un malaise. Alors c’est à ce moment là que le médecin nous dit que le bébé avait cette maladie rare. Je n’arrive même plus à retrouver le nom ! Bref, tous autour d’elle ne comprenait pas, car le médecin affirmait qu’un proche l’avait également. Mais personne n’en avait eu connaissance. Ils firent des tests…
-Et votre femme ?
-Je suppose que le médecin, le lui a fait ! A présent, je n’en ai aucune certitude.
-Que provoque cette maladie ?
-Une atrophie des neurones, des membres, des tremblements… La mort vers la cinquantaine.
-Que comprenez-vous de tout ceci ?
-Comme le disait mon maître spirituel, même si ma douleur m’empêche de comprendre le sens caché de l’accident, il y en a toujours un ! Que je devais arriver ici, dans votre atelier pour découvrir toute la vérité ! Pour comprendre que l’accident avait montré l’acharnement négatif que j’avais envers mes proches. Que je me coupais finalement du but essentiel. Aimer sans avoir l’impression d’être trahi par ceux que j’aime. Finalement, je me suis trahi moi-même, car je n’ai pas su leur montrer toute l’affection que j’avais pour eux. Je voulais tellement d’une vie parfaite, avec un enfant parfait, une épouse aimante et parfaite, des parents idéaux, que j’en avais oublié toute l’humanité, tout l’amour que chacun avait en eux.
-Souhaitez-vous connaître toute la vérité sur votre femme pour tourner une bonne foi pour toute cette page ?
-Oui ! Je crois qu’il est temps que j’avance et pourquoi pas prendre le temps d’aimer à nouveau.
-Contactez son médecin et voyez si elle avait fait le test, ainsi vous saurez et ce sera amplement suffisant pour avancer en vous libérant de votre fardeau.
-Puis je l’appeler tout de suite ? Je le connais bien, c’est un homme que je côtoie pour diverses raisons.
-Faites !
Francis se leva et chercha son téléphone dans la pièce. Il composa le numéro et obtint le contact rapidement.
-Voila ! J’ai ma réponse ! Elle avait fait le test et il s’était avéré qu’elle était atteinte de la maladie. Ce fut la dernière à se faire tester et lui avait fait promettre de ne rien dire, car elle savait que ses jours étaient comptés. Mon ami, me disait qu’elle avait un cancer au poumon gauche en phase terminale. Je n’étais même pas au courant. Elle n’aurait pas pu mener sa grossesse à terme !
-Je suis désolée !
-Oh ne le soyez pas ! Je comprends qu’elle ne m’ait rien dit ! Je ne l’aurais pas laissé tranquille. J’étais tellement têtu. J’aurais aimé le comprendre avant pour changer les choses.
-Si vous pouviez changer les choses, qu’est-ce que ce serait ?
-Mon entêtement, ma conviction que l’on me trahissait, apprendre à faire confiance ! L’hypnothérapeute me disait que j’étais un contrôlant, que ma plus grande peur était de me trahir moi-même.  Finalement à force de tout contrôler, j’ai perdu deux femmes que j’aimais.
-Nous allons faire un soin énergétique et nous aurons fini notre séance pour aujourd’hui.
Sandra lui expliqua comment procéder. Ils convinrent d’un troisième rendez-vous cette fois en voiture.
Troisième séance :
Devant une auto-école Strasbourgeoise :
-Bonjour Sandra.
-Francis, bonjour ! Je vous présente donc Noémie qui sera notre accompagnatrice. Elle sera aux doubles commandes. Puis votre chauffeur nous récupérera et vous vous mettrez à votre poste de conduite.
-Parfait !
L’enseignante se mit à l’avant, Francis s’installa et Sandra derrière lui.
-Installez-vous confortablement. Respirez trois fois profondément. Dit la thérapeute.
-Prenez le temps avant d’allumer le contact, de ressentir le siège, vos pieds bien au sol et les mains sur le volant. Tout l’ensemble de votre corps est détendu. Poursuivit la thérapeute.
Sandra fit un signe de tête à Noémie et l’enseignante poursuivit.
-Francis lancez le moteur. Je vais prendre les commandes et je vous emmène sur un parking pour revoir les bases. Cela vous convient-il ?
-Oui ! Francis était nerveux mais il respira profondément. Puis peu à peu, il se détendit. Noémie le mit à l’aise.
Sur le parking, il revisita, les démarrages et arrêts, tourner le volant en chevauchant les mains, le passage de vitesses, les manœuvres diverses. Puis Sandra fit signe à Noémie d’aller sur la route. Francis était enchanté, détendu, il souriait.
-J’aimerai aller sur l’autoroute Sandra ! Je me sens prêt !
Noémie observa la thérapeute et toutes deux le sentaient effectivement prêt !
-Allons-y ! Dit L’enseignante.
-L’insertion fut difficile car la circulation était dense, toutefois, Francis poursuivit son avancée, il était toujours serein. Sandra nota sur son bloc, l’évolution de conduite. Puis, il se faufila entre deux voitures et demanda s’il pouvait dépasser. Noémie acquiesça.
L’enseignante lui suggéra de continuer le dépassement des trois camions.  Francis se rigidifia.
-Respirez profondément ! Francis vous êtes en sécurité. Dépassez les camions à votre allure actuelle.  Vous êtes dans le ici et maintenant. Vous êtes soutenu, encouragé.
Le conducteur retrouva la détente et termina le dépassement.
-Nous allons sortir à la prochaine. Informa Noémie.
De retour devant l’auto-école, Noémie programma une autre séance avec Francis. Puis les salua.
Benoit, le chauffeur de Francis, lui proposa le volant. Sandra lui fit signe de conduire vers un endroit plus calme.
Quand ils furent dans une zone industrielle, Sandra demanda à Francis, s’il était prêt à prendre le volant.
-Oui ! Et je veux retourner sur l’autoroute !
-Benoit, montez à l’arrière, je vais m’installer à côté de votre patron. Dit-elle.
-Francis, prenez le temps de respirer. Vous êtes soutenu dans votre démarche. Benoit et moi croyons en vous. Vous avez la capacité de réussir.
-Merci Sandra ! Allons-y !
Francis put circuler sur l’autoroute pendant plus d’une heure sans angoisse, il se mit même derrière un camion après un dépassement. Son corps tremblait encore un peu, mais grâce à la respiration, au mot apaisant et à l’image ressource, il se sentait confiant.
Il dépassa quelques voitures, camions et sortit. Une fois stationné, francis éclata de joie.
-Je suis fier de moi ! J’y suis arrivé !
-Pendant quelques temps, Benoit, vous accompagnera, vous referez encore une heure de conduite avec Noémie. Puis peu à peur, vous pourrez reprendre totalement seul le véhicule.
-Benoit, je vous garderai comme chauffeur. Votre poste est assuré !
-Merci, Monsieur ! Dit-il rassuré pour son emploi.
-Merci Sandra ! Quelle histoire ! Je n’aurai jamais cru que nous irions si loin dans mon histoire familiale. Ce qui me surprend, ce sont les concordances entre la vie de mon aïeule et la mienne.
-C’est-à-dire ?
-Elle a perdu un être cher, s’est enfuie et est devenue esclave. Sans m’en rendre compte, j’ai fait la même chose. J’ai fui dans mon travail et en suis devenu esclave. De peur de souffrir, je me suis éloigné de la vie.
-A présent, vous reprenez la route, votre chemin de vie plus serein et conscient de ce qui est important. Construisez-là pleine d’amour pour vous. Pardonnez-vous, car nous faisons tous du mieux que nous pouvons et si la vie était simple, il y aurait un manuel dès la naissance ! Sourit Sandra lui serrant la main, pour lui signifier la fin de l’entretien.

Cette histoire est fictive mais si elle vous a fait réagir corporellement ou émotionnellement, quelque chose résonne en vous. Alors n'hésitez-pas, contactez moi par mail: lelandeletre@gmail.com et expliquez-moi votre problématique routière, pour vous orienter vers une thérapie adaptée (séance individuelle-stage de 4 jours intensifs ou stage de 4 mois) A chacun son rythme.

Merci au photographe de pixabay: pexel